jeudi 31 mai 2018

Simuler la musique en jeu de rôle, est-ce possible ?

Vous le savez peut-être ou pas, mais je suis plutôt amateur de musique, et en particulier de celles qui envoient du décibel à grand coup de guitares saturées. C’est même ce thème qui m’a poussé à investir dans le jeu « De Mauvais Rêves » (à cause de son hack « De mauvais riffs ») et à proposer « Slam ! » pour le dernier concours 3 Fois Forgé.
Mais, que ce soit par les mécaniques proposées dans ces deux jeux ou par ceux que l’on retrouve dans des jeux plus classiques (je pense notamment aux « bardes » de Donjons et Dragons), je n’arrive pas à être satisfait avec la manière dont les jeux de rôle traitent de cet art. Alors bien sûr, on pourrait étendre la réflexion à d’autres formes (peinture, photographie, sculpture, etc) mais elles me sont moins familières et seront donc pour moi plus compliquées à visualiser au sein d’un système ludique. Et puis, je ne pense pas que ce soit un handicap, j’ai l’intuition que si j’arrive à trouver une solution pour la musique, cela sera très facilement transposable aux autres formes d’arts du JdR.
Mais quelle solution ? En écrivant ces mots, je ne suis absolument pas sûr d’en trouver une avant la fin de l’article. Tout au mieux vais-je lister ce qui me dérange dans les moyens d’aborder cet art dans le jeu de rôle. Peut-être qu’au final, avec votre aide, des pistes finiront par émerger.


Quelles règles pour créer virtuellement de la musique ?


Ma culture rôliste n’est certainement pas aussi étendue que celle de certains d’entre vous qui me liront, mais j’ai beau chercher, je ne connais pas de jeux qui se concentrent réellement autour de la musique (ou de n’importe quel autre art). Même « Slam ! » n’a pas pour thème la musique en elle-même mais plutôt le monde qui gravite autour d’elle. D’ailleurs, parmi les critiques, on nous a reproché de ne pas mettre en avant le côté artistique des rockers que l’on incarne dans le jeu. Si je comprends tout à fait l’argumentation concernant ce défaut du jeu, je n’ai pas le souvenir que nos lecteurs nous aient conseillé des approches pour palier à ce manque. Comment alors faire ressortir le côté artistique des musiciens, ne serait-ce que d’un point de vue règles ?
Essayons d’aborder la question sous deux angles : un qui va se concentrer sur la narration et un autre qui va se concentrer sur la simulation.
D’un point de vue purement narratif, un joueur aura tendance à décrire comment son personnage se comporte en tentant d’interpréter ou de composer un morceau musicale et comment les spectateurs perçoivent ce qu’il est en train de jouer. La musique étant un art qui suscite des émotions, cette manière de l’incorporer en jeu paraît tout à fait viable puisqu’elle se concentre justement sur le ressenti des personnages face à une chanson, un air, une mélodie, etc. De la même manière, la nature de la musique peut être décrite. On pourra dire qu’il s’agit d’une chanson triste, d’un air entraînant, d’une belle mélodie, que le morceau est long, court, qu’il a un rythme rapide ou lent, etc. Là encore cette incorporation descriptive me paraît également s’inscrire dans une bonne logique de jeu. Mais la musique est une expérience, c’est quelque chose qui se vit et qui peut marquer et toucher celui qui l’entend et qui la joue. Comment définir la virtuosité d’une œuvre qui n’existe pas ? En faisant des comparaisons avec des pièces réelles ? En écoutant autour de la table quelque chose qui ressemblerait à ce que l’on décrit dans le jeu ? Voilà des suggestions intéressantes à mon avis, et la proposition de gérer uniquement d’un point de vue narratif ou dramatique semble ce qui a l’air de couler de source. Oui mais voilà, qu’en est-il à partir du moment où on veut que le système génère ces œuvres dans un modèle plus classique ?
J’ai beau interpréter un musicien, un barde, ou que sais-je, mes compétences en la matière sont normalement définies numériquement comme tout le reste de mon personnage. Si une caractéristique détermine mes talents de combattant, alors une autre doit déterminer mes talents d’artiste. Si un jet de dés donne la manière dont se passe un combat en prenant en compte dans la simulation non seulement mes propres capacités mais également celles de mon adversaire, alors un jet de dés devrait donner la manière dont se passe l’interprétation d’un morceau, et devrait prendre en compte non seulement les dons du musicien mais également la réaction de son public. Oui mais voilà : si on peut s’imaginer l’évolution d’un échange de coups d’épée, comment s’imagine-t-on une interprétation musicale dans sa globalité ? Est-ce qu’une réussite veut dire que l’on joue bien et que le public est réceptif ? Est-ce qu’un échec veut dire que l’on joue mal et que par conséquent le public n’aime pas ? Mais pourquoi jouerait-on mal si notre personnage par ses caractéristiques est censé être un virtuose ? Faut-il revenir à de la narration pure et dure ou considérer qu’un échec serait simplement dû à une audience qui ne se laisse pas séduire par le talent du musicien ?
Autant la part de hasard dans la résolution d’un combat dans un jeu classique ne me dérange pas, au contraire elle apporte un côté très ludique (on lance des dés, le résultat est incertain, on a des surprises, on doit réagir, on a peur pour son perso, etc), autant résoudre une action « artistique » de cette manière ne me paraît pas être la solution idéale. Mais, aussi valable soit la proposition de faire vivre la musique uniquement via un mode narratif, elle ne m’apporte pas non plus entière satisfaction car justement le côté ludique en prend un coup : « ok d’accord, t’es un virtuose, tu joue magnifiquement bien, la foule en délire t’acclame. » Pas de suspens, pas de tension, et à moins d’être très amoureux du rôle play, ces phases finissent par devenir des routines sur lesquelles on passe très vite. Résultat : pas de ludique et le côté artistique passe complètement à la trappe.  

Les limites du jeu ?


Alors comment donner une ampleur à la musique dans une partie de jeu de rôle où on incarne des musiciens ? Comment simuler la création et l’interprétation ? Dans l’idéal, il faudrait que l’on puisse réellement créer un morceau, mais cela n’a pas de sens ! Pour reprendre l’exemple du combat : généralement les règles simulent très bien cette interaction et il est rare que l’on ait vraiment besoin de se battre réellement pour voir comment cela va se finir ! De plus, pour la musique, il faudrait que les joueurs et les joueuses connaissent soit le solfège pour se figurer les mélodies dans leur tête, soit pratiquent un ou plusieurs instruments pour en jouer autour de la table. Sans compter que s’ils incarnent des génies de la musique, ils doivent également produire quelque chose de grandiose. On est d’accord, peu d’entre-nous possèdent ces capacités dans la vie réelle, il faut donc trouver un moyen de le faire en jeu en allant au-delà de la simple description. La vraie question du coup devient la suivante : est-ce réellement faisable ?
Il est difficile de se figurer une œuvre qui n’existe pas comme déjà abordé plus haut. A moins d’être soi-même un musicien avec une solide formation de conservatoire, tenter de créer une œuvre qui a du sens revient presque à essayer d’inventer une couleur.
De plus, si la musique a quelque chose d’universellement envoûtant, les réactions qu’elle va susciter ne vont pas être les mêmes d’un individu à l’autre et cela va dépendre de la sensibilité de l’auditeur, de son éducation dans le domaine et de ses goûts.
Quand je pense à « Slam ! », j’imagine bien faire partie des joueurs et décrire mon personnage sur scène, la manière dont il bouge, la manière dont réagit la foule à chaque riff iconique, les possibles problèmes techniques qui peuvent arriver sur scène, et l’ambiance générale mais je ne pourrais pas décrire la chanson phare du groupe, je n’arriverai pas à l’entendre clairement. Et cela même avec une chanson réelle : essayer de décrire un morceau à quelqu’un qui ne le connaît pas, sans faire de comparaisons avec quelque chose qu’il pourrait connaître, je pense que ça va vite devenir compliqué et que si vous lui demandez de vous décrire ce à quoi ça le fait penser, il y a des chances pour qu’il soit complètement à côté de la plaque.
Et même si en faisant des comparaisons avec des morceaux réels on arrive à mieux se figurer ce à quoi pourrait ressembler une musique créée par un personnage de jeu de rôle, comment alors mettre en place un système qui va déterminer le « niveau d’une chanson » en prenant en compte le talent d’un personnage, son degré de créativité, sa virtuosité, son impact sur le public, sa cohésion avec le groupe, etc.
On commence à tourner en rond.



https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Juglar.jpg

Quelles pistes au final ?


J’ai déjà évoqué la piste purement narrative aidée par des comparaisons avec des morceaux réels. Elle ne me satisfait pas complètement mais elle fonctionne. On n’entendra pas clairement ce qui se passe dans le jeu mais on s’en rapprochera au plus près et on pourra appliquer ses effets.
Dans « Ardri : les guerriers d’Enorhim », la musique tient une place importante également. Parmi les 3 types de profils disponibles pour les PJ, l’un d’entre eux permet d’incarner des bardes (fili, scalde, troubadour, et courtisan musicien). Les mécanismes dans le jeu sont plutôt classiques, on chante une chanson comme on frappe un adversaire. Pour renforcer l’aspect musical, les PJ ont accès à un répertoire de chansons en fonction de leur profil, avec des noms plus ou moins évocateurs (comme la liturgique, la moqueuse, la séduisante, etc), et qui leur permettent d’avoir un impact sur leurs auditeurs. Ainsi, par exemple, certaines chansons octroieront des bonus pour séduire quelqu’un ou seront agaçantes à l’oreille forçant le public à se détourner du musicien. Vous l’aurez compris, ici l’approche que j’ai choisie est comparable au « lancement d’un sortilège », il s’agit de capacités, un peu comme dans Donjons & Dragons. Si cela colle avec le reste de la mécanique du jeu, et si les noms des chansons peuvent évoquer certains types de mélodies, il me manque quand même l’aspect vraiment artistique dont je vous parlais précédemment dans cet article.
Enfin, en ce qui concerne « Slam ! » qui n’utilise pas un système de résolution classique, je sèche complètement. Je ne vois absolument pas comment mettre en avant ce côté artistique que les joueurs réclament.
En y réfléchissant, plusieurs idées me viennent pour mettre en place un système de création de chanson, mais celui-ci resterait purement descriptif. Comme énoncé plus tôt, on pourrait déterminer la couleur d’un morceau (joyeux, triste, entraînant, sophistiqué, etc), son thème (il évoque l’amour, la guerre, la mort, la religion, etc) et selon le niveau de maîtrise du personnage déterminer quel impact cela aura sur ceux qui l’écouteront. C’est intéressant, mais ça se rapproche pas mal de la création libre de sortilèges que l’on peut rencontrer dans certains jeux où on va déterminer la portée, les effets, les points de dégâts, etc. Ce qui fait qu’au final, s’il y a un peu plus de créativité avec cette méthode, on reste assez superficiel et éloigné de ce que je recherche.
Peut-être qu’il y a un filon à creuser en cherchant à développer comment intégrer la musique (ou un autre art) dans le jeu ? Il faudrait créer un  petit outil ou un mini-jeu informatique, un peu comme une sorte de « punk-o-matic » mais adapté à l’ambiance du jeu, et qui permettrait de créer de courts phrasés musicaux qui seraient uniques ou presque à chaque fois qu’un joueur en créerait un à sa table. C’est une idée même si elle paraît un peu compliquée à mettre en place et dépasse mon domaine de compétence.
C’est là que je me tourne vers toi, public. Quelles sont tes idées ? Comment abordes-tu la question ? As-tu des JdR qui ont résolu le problème de manière efficace ? Est-ce que ma quête est vaine ? Est-ce juste impossible ? Et quand bien même, as-tu d’autres pistes pour générer de l’artistique dans tes parties même si cela reste plutôt dans la description ? Quelles règles pour simuler le plus efficacement de l’artistique ? C’est à toi public, oui, exprime toi car sérieusement ton avis sur la question m’intéresse au plus haut point !

Bigyo'

mardi 29 mai 2018

Troisième carte d'Enorhim : villes et villages

Troisième et dernière carte d'Enorhim sur laquelle vous trouverez les positions et les noms de toutes les villes, de tous les villages et des sites sacrés de l'île Verdoyante.


Comme les noms sont inscrits en tout petit, pour avoir un meilleur aperçu, vous pouvez télécharger la carte en cliquant ici.

En bleu ciel : le nom des villes, des villages, des ports et des mines sous domination havrésienne.
En rose : le nom des villes, des villages et des sites sacrés administrés par l'Eglise Archangéiste.
En vert kaki : le nom des villes, des villages, des ports et des sites sacrés appartenant aux clans keldes.
En violet : le nom des villes portuaires administrées par des familles danes.
En orange : Dublhidan et McBeal sous contrôle Royaliste.
En blanc : Enorhimport, port d'Ylanthar le plus proche de l'île Verdoyante.

On voit bien sur cette carte que les havrésiens se sont bien installés dans le Laghan (sur la côte est de l'île) alors que leurs conquêtes sont plus éparses sur le reste de l'île où les clans keldes dominent.

Voilà qui clôture pour le moment le volet cartographique d'Ardri. Rapidement la page qui parle du jeu sera modifiée pour contenir des liens renvoyant vers les articles postés ces derniers jours.

Bigyo'

lundi 21 mai 2018

Seconde carte d'Enorhim : la carte géographique

Après avoir eu un premier aperçu des grandes entités politiques de l'île Verdoyante, voici une carte vous présentant la géographie d'Enorhim.


En cliquant sur la carte vous aurez un léger agrandissement de celle-ci.
En marron : le nom des massifs montagneux.
En bleu : le nom des mers, des lacs et des rivières.
En noir : le nom des régions de l'île. Elles n'ont pas de réalité politique, elles englobent un ensemble de territoires pouvant contenir plusieurs éléments (comme des collines, des montagnes, des tourbières, etc), elles permettent aux peuples de l'île de mieux se repérer.
En jaune (et qu'on voit très mal sur la carte) : Odhas qui désigne la pointe Sud-Est de l'île et qui est uniquement recouverte de dunes de sable.

Encore une fois, considérez cela comme un aperçu que comme une carte définitive en ce qui concerne son aspect. Je pense que plus tard, en plus d'une carte globale de l'île avec les points d'intérêts les plus importants (comme celle de l'article précédent), je ferai une carte pour chaque royaume provincial, ce qui me permettra de zoomer (même si l'île n'est pas grosse) et d'ajouter détails géographiques et noms des villages sans que cela ne fasse trop surchargé.
D'ailleurs, la prochaine carte que je vous proposerai, dévoilera les noms de tous les villages, de toutes les villes et de tous les lieux sacrés d'Enorhim. Stay tuned !

Bigyo'

mardi 15 mai 2018

Première carte d'Enorhim

Préparez vous à voir publiées sur le blog les premières cartes d'Enorhim. Depuis le temps que je vous parle de cette île, vous n'en avez toujours pas vu la forme ! Alors voilà désormais une première apparition de l'île Verdoyante.


Que peut-on voir sur cette carte ?
En rouge : les frontières, les noms et les capitales des quatre royaumes provinciaux : le Tirlad, le Laghan, le Mhumain et le Keldtacht.
En jaune : les frontières du Palas, zone conquise par les havrésiens et qui se trouve directement sous l'autorité de la Reine Victoria.
En noir : les villes les plus importantes de l'île en dehors des capitales, ainsi que l'Esker Riada, seule route pavée reliant Corrib à Dublhidan, traversant ainsi le pays d'ouest en est.

Alors d'accord, ce n'est pas très beau. J'ai réalisé cette carte (et celles qui suivront) avec mes maigres talents en graphisme. Je la ferais refaire quand mon budget me permettra de faire appel à des professionnels de la cartographie de JdR. En attendant, cela vous permet d'avoir un bon aperçu de ce à quoi ressemble Enorhim.
Dans les prochains jours, vous découvrirez une carte géographique et une carte avec tous les noms de villes et de village de l'île.

Bigyo'