mardi 19 décembre 2017

Retour rapide sur 2017

Voilà un petit article où je vais revenir sur trois évènements rôlistes de l’année 2017, que je n’aurais pas forcément abordé sur ce blog. Il s’agit d’évènements qui m’ont marqué et sur lesquels je trouve qu’il est important pour moi d’y revenir et de me positionner avec un peu de recul. Cela ne résume pas toute l’actualité du monde rôliste de cette année, aussi je vous invite à commenter, suite à cet article ou sur vos réseaux préférés quels évènements rôlistes méritent pour vous qu’on y jette encore un coup d’œil avant de passer en 2018. Voici donc mon bref retour sur 2017.

- Féminisme et JdR : plus que jamais cette année sur les réseaux sociaux, la problématique du féminisme au sein de notre loisir (qui se faisait écho à ce qu’il se passait dans le reste de la société) a fait couler beaucoup d’encre.
C’est une problématique qui m’intéresse et que j’essaie de comprendre depuis quelques années. J’ai lu beaucoup de choses sur le sujet. Des points de vue les plus masculinistes aux mesures les plus drastiques du féminisme.
Certaines choses m’ont choqué : un groupe de discussion qui décide que le sexisme ça ne concerne pas le JdR et que ça n’a donc pas lieu d’être abordé. Certains propos m’ont choqué : ceux qui défendent l’hypothèse que des féministes extrémistes voudraient imposer leurs règles autour des tables dans nos chaumières.
En février, je saluais la création du site « Et pourtant elles jouent » qui compilent des témoignages de joueuses et de leurs expériences plus ou moins malheureuses avec leurs confrères.
J’évite de participer aux débats sur les réseaux sociaux car ils me donnent vite envie de devenir violent face à la bêtise crasse de certains. Vous l’aurez compris c’est une problématique que je trouve importante et les initiatives à caractère féministe qui visent à assurer un espace de jeu où le sexisme est banni ont ma sympathie. Je ne dis pas ça pour polémiquer de nouveau, je vous donne juste mon sentiment sur cette question qui a secoué notre microcosme en 2017 et qui, je l’espère, continuera à interpeller joueurs et joueuses en 2018 afin d’assurer le même plaisir de jouer ensemble pour tous.

- Succès d’Aventures : début octobre, Mahyar Shakeri épaulé par les Editions Sans-Detour lance le financement participatif d’un jeu de rôle permettant de jouer dans l’univers de sa web-série : « Aventures ». Celle-ci est très populaire, notamment parce que parmi ses joueurs on y trouve des grosses pointures du Youtube Game français comme le Joueur du Grenier ou Bob Lennon.
Le crowfunding d’Aventures a été un immense succès : plus de 7600 souscripteurs ! C’est un record dans le monde du JdR francophone !
Pourquoi en parler dans cette mini rétrospective ? Je ne suis pas fan de la web-série et je n’ai pas participé au succès du lancement du JdR sur Ulule. Si je me permets d’en parler, c’est à cause de la vague d’indignation que ce succès a suscité chez une partie de la communauté.
Pour certains, ce n’était pas si incroyable que cela. Pour eux, ce financement mené avec brio n’était dû qu’à la popularité de la web-série, la plupart de ceux qui ont souscrit n’étant pas des rôlistes mais juste des fans boys, et que sans le JdG et ses comparses, Mahyar n’aurait jamais réussi à lancer son JdR avec autant de monde pour le suivre. Pire encore, certains ont dit que le contenu du JdR avait l’air très léger, trop léger,  et que le crowfunding ne détaillait absolument rien ; aussi, niveau transparence du contenu, on était à deux doigts de l’escroquerie. Bref, pour certains, le succès n’était pas mérité. C’était une réaction assez prévisible sur les réseaux sociaux où dès que quelqu’un  a la prétention de s’attaquer au mainstream, on lève les boucliers et on dresse des bûchers en criant « à l’hérétique ». Cela m’a un petit peu plus choqué lorsque certains sites spécialisés ont repris ces arguments. Et je ne vous parle même pas de ceux qui ont commencer à prétendre que ça risquait d’attirer vers notre loisir préféré des joueurs qui n’avaient rien à faire là (à cause de leur jeunesse, de leur inexpérience et/ou de leur rapport au monde du jeu vidéo… en d’autres termes, les fameux « Kevin » et autres  « kikoo lol » - expressions qui n’existent plus depuis 2006 -), des joueurs qui ne joueraient pas correctement (arguments défendus aussi bien par les plus puristes des traditionalistes du JdR que par les plus narrativistes -ce mot n’existe pas- qui pensent toujours être l’avant-garde du loisir), ou des joueurs qui auraient un comportement inapproprié (seul argument un peu sérieux qui met en relation certains comportements discutables dans la web-série – coucou le JdG et Bob Lennon- et l’influence qu’ils pourraient avoir sur ces nouveaux joueurs). Mais, même dans ce dernier cas, en rejoignant notre communauté rôliste, c’eut été à notre tour de les influencer, de les pousser à la réflexion et de leur faire comprendre qu’une blague sur le viol ce n’est pas drôle.  
Au moment de cette polémique, je ne me voyais pas me battre contre toutes ces personnes soit disant « critiques ». Aujourd’hui, rien n’a changé, je n’essaierai pas de vous convaincre à un peu plus d’ouverture d’esprit, mais j’avais besoin d’écrire noir sur blanc ce que je pensais tout bas. Bravo donc à Mahyar pour son succès et, même si je n’ai pas pledgé en sa faveur, je suis curieux de voir ce que donnera le livre des règles de son jeu.

- la X-Card : la X-Card est un outil de John Stravopoulos qui permet de mettre fin à une situation inconfortable pour un joueur ou une joueuse au cours d’une partie. Elle a également entraîné, à son insu, la polémique la plus ridicule de 2017. Suite à une prolifération d’articles sur ce sujet, une partie de la communauté a débattu avec beaucoup de sérieux de l’utilité ou non de cet outil.
C’est un peu comme si je vous présentais un marteau, et que vous vous mettiez à discuter entre vous de savoir si ça sert vraiment à quelque chose. Après tout, un simple gros caillou, ou un rondin de bois peut tout aussi bien faire l’affaire, et qu’ainsi on n’a pas besoin d’un outil aussi sophistiqué. Et quand bien même, on ne vous forcerait pas à l’utiliser, vous seriez outré par l’existence d’un tel outil qui pourrait renvoyer une fausse image de vous. Quel est le fuck ?
Comme pour toutes les polémiques de cette année, les antis ont tentés de prouver aux pros combien ils avaient tort, et inversement. On pourrait croire que ce genre de débat est tout à fait sain dans une communauté, qu’il permet de réfléchir, d’avancer, etc. Seulement, comme pour toutes les polémiques de 2017, on a vu des murs s’affronter et se troller mutuellement.
Je ne suis pas intervenu sur les réseaux sociaux là non plus, c’est pourquoi je me permet de troller ici sur mon blog. Ca soulage un peu.



By Chetvorno (Own work) [CC0], via Wikimedia Commons


Trois polémiques pour 2017. C’est cela que je retiens. Et encore, je ne vous parle pas de celle qu’à entraîné la nouvelle parution de Raôul (je vous conseille de lire l’article de Suck My Dice sur ce jeu). Pourquoi retenir ces instants mémorables de notre bêtise plutôt que de se concentrer sur la sortie de jeux comme 7th Sea en français, Colonial Gothic, Sherwood, Starfinder, Tales From The Loop, One %, Into the Odd, Friponnes, De Mauvais Rêves, etc ?
Parce que chaque fois qu’une polémique fait surface on peut lire des horreurs et des partis-pris qui pour ma part ont laissé des marques dans mon esprit. Je vous ai évité les pires arguments sur la question du féminisme car je sature. Je ne peux plus lire les bêtises des uns et des autres et quand j’essaie d’en parler je ne peux m’empêcher de m’énerver, à quoi bon m’infliger ça encore une fois ?   Et encore, à propos d’Aventures, je n’ai pu me refréner d’écrire ce que je pensais mais vous avez sûrement senti mon agressivité à travers mes propos. Pourquoi donc parler de ces polémiques ? Parce qu’à chaque fois qu’elles apparaissent, elles ne font de bien à personne.
Ça ne veut pas dire qu’il faut arrêter de parler de sujets importants comme le féminisme. Mais peut-être devrions-nous arrêter de nous enfoncer dans nos propres stéréotypes, nous confortant dans un dialogue de sourds manichéen, et peut-être devrions vraiment prendre du recul sur toutes ces questions. Accepter de reconnaître les problèmes et les enjeux qu’elles soulèvent, tenter de trouver des solutions, et ne pas céder aux extrêmes ni en les pointant du doigt, ni en les défendant.
En tout cas, que ce soit dans notre microcosme ou de manière général, c’est ce que je me souhaite pour 2018 et que je vous souhaite également.

Et vous alors, sur quoi reviendriez-vous en 2017, et que souhaiteriez-vous pour l’année prochaine ?

Bigyo'

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