Ce qui nous définit
Depuis le début de l'année on a vu de nombreux articles sur le net qui tentaient de définir le jeu de rôle dans un souci de vulgarisation.
Et puis, début septembre, un certain Musa s'essaie à l'exercice et poste cet article : jeu de rôlepapier : la seule limite, c'est votre imagination.
Bien qu'il fasse une très chouette présentation du loisir, ce que j'ai trouvé surtout intéressant, c'est son introduction où il explique son "enfance au pays imaginaire". Je me suis totalement retrouvé dans son histoire.
Lorsqu'on parle de cette passion, on commence généralement par le moment où l'on a été "initié" à la pratique, cet instant où on rentre dans le club très fermé des rôlistes. Si j'en parle ainsi ce n'est pas anodin, c'est bien parce que la plupart du temps, ceux qui nous écoutent sur le sujet nous prennent pour des allumés à la limite du sectarisme. Les tentatives de présentations de ce loisir qu'est le jeu de rôle (JdR pour les intimes) sont autant d'essais de défaire ce mythe qui voudrait que les rôlistes soient de dangereux psychopathes qu'il faut surveiller.
Une fois qu'on entre en contact avec la communauté qui pratique le JdR, on se rend bien vite compte que ce mythe est absurde. Faut-il encore convaincre ceux qui ne nous connaissent pas. La FédéGN s'est lancé dans une série de photos portraits qui, volontairement ou non, contribue à démystifier les joueurs de GN (ou jeu de rôle Grandeur Nature pour les moins intimes).
Quelque part j'ai moi aussi eu envie de participer à ce style de mouvement. D'autant plus dans une conjoncture où au sein même de la communauté s'enchaînent des débats plus ou moins stériles sur la pratique elle-même du jeu de rôle, et d'autres problèmes de société.
Quelque part j'ai moi aussi eu envie de participer à ce style de mouvement. D'autant plus dans une conjoncture où au sein même de la communauté s'enchaînent des débats plus ou moins stériles sur la pratique elle-même du jeu de rôle, et d'autres problèmes de société.
Alors, je ne vais pas me lancer moi aussi dans une énième présentation du JdR, ni de ma rencontre avec cette activité, mais je vais plutôt vous parler de la genèse du rôliste que je suis. A l'instar de la présentation de Musa dans son article, laissez moi vous parler de ce qui chez moi était le terreau fertile dans lequel a poussé ma passion pour le JdR.
L'âge d'or de l'imagination
J'étais un petit garçon plutôt solitaire. Pas la peine de sortir les violons, j'aimais ça. J'étais timide, même "sauvage" comme disaient mes parents lorsqu'ils me présentaient à des inconnus, je savais m'amuser tout seul, je n'avais pas toujours besoin de l'attention des autres.
Je profitais de ces moments dans mon coin pour jouer, me divertir et m'instruire à la fois.
Les mondes imaginaires de la fin des années 80 au milieu des années 90 étaient à notre porté grâce à la télévision et au cinéma. Ils ont nourri mon imagination mais, plus encore, ils m'ont poussé à m'intéresser à des domaines qui leur faisaient écho. De la paléontologie, à laquelle je m'intéressais avant même la sortie de Jurassic Park au cinéma, à l'Histoire qui m'a permit de mieux comprendre ce que je pouvais voir à la télé à une époque où tous les étés passaient les aventures de la 7ème compagnie, en passant par la géographie qui était juste fascinante avec ses cartes et ses drapeaux.
Très vite j'ai cultivé ces sources réelles et fictives de rêve dans ma manière de jouer. J'aimais créer, inventer, faire semblant, dessiner, au départ pour reproduire les choses que je voyais, puis en grandissant je me suis mis à faire mes propres histoires. Mais je ne faisais pas n'importe quoi, inconsciemment j'avais appris à organiser mon imagination. Loin d'être un frein à cette dernière, cela m'a permit d'avoir très tôt des bases dans la structuration d'un récit. Au collège j'étais ainsi plutôt doué en dissertation.
Créativité et liberté virtuelles
J'ai eu beaucoup de chance quand j'étais gamin, et j'ai été très vite mis en contact avec les premiers outils informatiques et les premières consoles de jeux. Et contrairement à certaines idées reçues, les jeux vidéos n'ont pas tué mon imagination, au contraire ils n'ont fait que la stimuler encore plus. Alors pas forcément des jeux comme Doom que j'ai eu entre les mains vers l'âge de 11 ans, mais plutôt des titres comme Sim City, Civilization, Age Of Empires, Caesar III, Close Combat IV, Operation Flashpoint, etc. Bref, des jeux où tout reste à faire, des jeux où l'on écrit l'Histoire, des jeux où les décisions ont un impact réel et où l'impression de contrôle et de liberté sont importants. Je n'ai jamais été fan des jeux trop scriptés, car finalement je me servais des jeux vidéos pour exprimer ma créativité. Et cela, même dans Operation Flashpoint, jeu où l'on incarne des soldats durant la guerre froide et qui avait un éditeur de mission ! J'ai très vite appris à me servir de ces outils là, et j'ai même fini par modder mes jeux, parfois en traffiquant directement les fichiers de certains d'entre eux (je pense surtout à Crusader King et à Europa Universalis).
Bref, imagination, intérêts pour certaines sciences, créativité, il ne manquait plus que quelques découvertes ludiques pour compléter le tableau.
Les prémices du rôliste
Cela a commencé par ce jour où j'ai vu des "grands" jouer au jeu de plateau "Space Crusade" inspiré de l'univers de Warhammer 40k. Je ne comprenais pas tout mais j'étais fasciné. J'avais demandé au père Noël un jeu de la sorte et je me suis retrouvé avec "La Légende de Zagor". Un donjon, un maître du jeu électronique, des feuilles de personnages, et même un dé à 10 faces : ma première expérience rôliste mais je ne le savais pas encore. Je n'ai jamais totalement compris comment y jouer, mais j'aimais vraiment cette grosse boîte bleue. Quelques années plus tard, dans une bibliothèque scolaire, je découvrais "un livre dont vous êtes le héros", dans lequel j'étais un guerrier dans un monde peuplé de reptiles géants. Je ne me rappelle plus quel était exactement le titre de ce bouquin, mais j'ai accroché et j'ai demandé à mes parents de m'en acheter. C'était un peu un exploit car la lecture et moi-même n'étions pas très copains. Mais ce style de livre réussissait le tour de force de rendre le lecteur actif et de lui donner l'impression d'avoir un impact sur l'intrigue. C'est comme ça que j'ai découvert la série du "Loup solitaire". Après ça, l'adolescence et la fin des années 90 furent surtout marqués par l'expansion des jeux vidéos dont j'ai déjà parlé, mais ces deux expériences ont clairement eut un impact sur mes goûts en matière ludique et elles se sont rappelées à mon bon souvenir lorsque j'ai eu à participer à un JdR pour la première fois, dans la cour de mon lycée.
Illustration : Axelle Bouet |
Epilogue
Aujourd'hui, à 31 an passés, le JdR m'a permis de continuer à exercer et à travailler ma créativité tout au long de mon adolescence et de ma vie de jeune adulte. Il m'a permis de faire pas mal de connaissances, de développer mes aptitudes sociales, de vivre des expériences hors du commun, et de partager des moments mémorables de rires, de joie et de bonne humeur. C'est un loisir et une passion qui possèdenr bien plus de vertus que l'image que s'en font certains, et je ne peux que vous encourager à entrer en contact avec une asso' proche de chez vous pour découvrir le jeu de rôle par vous même.
Voilà, c'était ma genèse rôliste. Je la partage avec vous, et j'espère que vous partagerez la vôtre également pour continuer à informer sur notre loisir. Maintenant que nous avons dit au monde "voilà ce que l'on fait !", aidons-le à mieux nous comprendre en lui disant "voilà qui nous sommes !" Je vous invite donc, lecteurs et lectrices, à témoigner à votre tour, sur vos blogs ou dans les commentaires, de ce qui selon vous a fait le rôliste que vous êtes devenus.
Alors, quelle est votre genèse ?
Alors, quelle est votre genèse ?
Bigyo'
Illustration d'Axelle Bouet : mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.
En voilà une jolie question !
RépondreSupprimerPour moi aussi le JdR a été un aboutissement assez "naturel" de mon parcours : j'étais une enfant assez sauvage qui aimait beaucoup se raconter des histoires et surtout lire, lire et relire. C'est sur le support de la lecture que s'est principalement développé mon imagination et, mes parents lisant beaucoup de SF et de Fantasy, j'ai toujours eu ces livres à disposition dans la bibliothèque familiale (lire le SDA à 8 ans : check). A l'adolescence, j'ai aussi commencé à écrire, toujours dans le domaine du fantastique, et à jouer énormément à des RPG type Baldur's ou Diablo. Du coup quand un groupe d'amis du lycée que je ne citerai pas m'a proposé de les accompagner à une journée JdR, j'ai dit oui ! Et j'ai immédiatement accroché, le JdR me permettant de faire le lien entre mon goût pour le fantastique, mon imagination galopante et mon intérêt pour le théâtre, que je pratiquais depuis 4 ou 5 ans déjà à cette époque.
Après les années lycée, j'ai toujours plus ou moins gravité autour du milieu des rôlistes, faisant des parties quand j'en avais l'occasion mais sans vraiment m'intégrer dans un groupe précis, manque de temps chronique oblige. L'envie de refaire du JdR plus régulièrement m'est revenue lorsque j'ai intégré l'asso The Geek Side qui, sans être une asso de JdR, regroupe un bon paquet de rôlistes. Et à maintenant 30 piges c'est avec joie que je remets les deux pieds dedans :)